Cent douze dossiers d’indemnisation de personnes victimes des violences préélectorales survenues au début de cette année ont été ‘’approuvés’’ par les pouvoirs publics, qui cherchent à identifier 268 cas présumés être ‘’les plus urgents’’, a déclaré le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, mardi, à Dakar.
‘’Déjà 112 dossiers ont été approuvés’’, a dit M. Diba devant les députés réunis en séance plénière pour examiner la loi de finances rectificative 2024.
‘’Quatre-vingt-dix-neuf dossiers ont déjà été pris en charge pour un montant de 108 millions de francs CFA’’, a-t-il ajouté.
Certains députés trouvent très faibles les montants perçus par les victimes des violences préélectorales, 99 personnes ayant perçu au total 108 millions de francs CFA.
‘’Les travaux se poursuivent pour l’identification de 268 cas [qui seraient] les plus urgents’’, a déclaré Cheikh Diba.
‘’On doit travailler minutieusement pour indemniser chaque victime à la hauteur de ce qu’elle a subi comme dommage et éviter des infiltrations […] Pour le moment, il y a 1.875 personnes identifiées’’, a-t-il déclaré.
M. Diba assure qu’‘’une prise en charge psychologique est prévue’’ pour les victimes qui en auront besoin.
A quelques heures de l'ouverture de la campagne électorale pour la présidentielle prévue alors le 25 février 2024, le président en exercice Macky Sall annonça la suspension du scrutin à travers un décret du 3 février 2024.
En réaction, l'opposition unie autour du parti Pastef dont les principaux dirigeants étaient emprisonnés lança "la résistance" pour exiger le respect du processus électoral. Des manifestations éclatèrent á Dakar et dans de nombreuses villes de l'intérieur du pays.
Cheikh Diba, ministre des Finances et du Budget
La société civile mobilisa fortement aux cotés des politiques en tenant plusieurs marches d'envergure sous la houlette de la plate-forme AAR SUNU ELECTION. Les universitaires également, de même que certains syndicats.
Plusieurs personnes sont tuées et des dizaines d'autres furent arrêtées et emprisonnées sans jugement dans la vague de répression lancée par le régime de Macky Sall.
C'est le Conseil constitutionnel qui, interpellé par les partis politiques d'opposition et la société civile, cassa les décrets présidentiels de même que les actes pris par l'assemblée nationale pour accompagner la volonté de Macky Sall.
Apres la chute du régime, les victimes de ces événements réclamèrent des "réparations" à l'Etat du Sénégal. En plus des autres victimes de la période 2021-2023 où au moins 50 à 80 personnes ont été tuées d'après le décompte d'organisations de défense droits humains comme Amnesty International Sénégal.
‘’On peut penser que le budget [de la République] a augmenté…’’
L’un des réajustements énoncés dans le projet de loi de finances rectificative 2024 soumis au vote des députés a consisté à approvisionner un fonds d’indemnisation des victimes des violences préélectorales de février et mars derniers, d’un montant de 5 milliards de francs CFA, selon un rapport de la commission des finances de l’Assemblée nationale.
Il reste beaucoup à faire, en ce qui concerne l’identification et l’indemnisation des victimes de ces violences, a laissé entendre une députée, affirmant que l’Assemblée nationale travaille sur la question.
Le ministère de la Famille et des Solidarités s’occupe des dossiers d’indemnisation des personnes détenues lors des violences politiques survenues entre 2021 et 2024, a dit le ministre des Finances et du Budget aux députés.
Cheikh Diba déclare, par ailleurs, que le budget de la présidence de la République n’a pas augmenté à l’occasion de la loi de finances rectificative.
‘’Effectivement, on peut penser que ce budget a augmenté. Ce n’est pas une augmentation’’, a soutenu M. Diba, soulignant que le nombre d’institutions rattachées à la présidence de la République a augmenté cette année.
Devant les députés, le ministre des Finances et du Budget a défendu l’idée d’une campagne de promotion du ‘’civisme fiscal’’ au Sénégal.
‘’Qu’on introduise un module d’enseignement du civisme fiscal’’ dans les écoles ou les universités, a-t-il affirmé, souhaitant que les députés contribuent à la matérialisation de cette idée.
‘’Le civisme fiscal va nous permettre d’augmenter nos recettes’’, a assuré Cheikh Diba. [IMPACT.SN avec APS]